Ce qu’on appelle le Pays de Maria Chapdelaine constitue vraiment un pays dans le pays, tant par sa culture, son économie, son histoire que sa géographie.
Ce territoire dépasse largement le secteur de Péribonka où Louis Hémon a situé l’intrigue de son roman Maria Chapdelaine comme l’évoque le musée qui porte le nom de l’auteur. Il couvre, en réalité, tout le nord et le nord-est du Lac-Saint-Jean, une très vaste plaine agricole et forestière qui s’appuie sur le contrefort des Laurentides. Au nord, on retrouve la « friche » ou la « savane » comme disent les vieux. Un espace immensément plat où sévissent les vents. Dispersés au cœur de ce pays; on remarque quelques villes comme Dolbeau-Mistassini, la capitale mondiale du bleuet, ainsi que de nombreux villages aux églises blanches et au charme pittoresque.
Notre-Dame-de-Lorette
Au nord-ouest du Lac-Saint-Jean, sur une des rares élévations de cet immense territoire plat, se détache soudainement un îlot d’habitations. C’est d’abord l’église que l’on aperçoit à plus de 5 kilomètres avant d’arriver. Puis, à la croix du chemin du rang Saint-Pierre, le village apparaît comme un hameau de paix au sein d’une nature sans borne. Le sentiment du visiteur qui découvre Notre-Dame-de-Lorette en est un de grande quiétude. L’économie locale tourne essentiellement autour de la forêt. C’est une belle découverte pour quiconque prend la peine de s’y rendre.
Des produits du terroir aussi originaux que délicieux…
Saint-Stanislas
La communauté de Saint-Stanislas vit comme en famille, autour d’un petit village agréable où tout le monde se connaît et s’entraide. Hébert, Rousseau, Villeneuve… les noms des rangs célèbrent la mémoire des défricheurs qui ouvrirent ce territoire à force de courage et de détermination. La belle église en bois de cette époque, couleur de neige, se confond avec le blizzard d’hiver puis contraste avec l’été verdoyant.
Saint-Thomas-Didyme
Direction Saint-Thomas-Didyme et le lac à Jim en empruntant la route qui relie La Doré et Normandin, avec son fameux pont qui enjambe la rivière Ashuapmushuan et ses belvédères spectaculaires sur la Petite-chute-à-l’Ours. De Normandin à Saint-Thomas, le chemin Dédé-Fortin a été tracé à la règle dans cette splendide plaine agricole du Haut-du-Lac. En finale, le Complexe touristique du Lac-à-Jim propose un camping agréable, des petits chalets en location et un restaurant. Mais, surtout, un lac extraordinaire, la pêche à l’ouananiche, la plage de sable fin et un immense potentiel de loisir nautique.
À quelques kilomètres de là, à Girardville, l’entreprise Aventuraid et le Parc Mahikan, se spécialise dans l’excursion et l’expédition en canot, ainsi que dans le traîneau à chiens en hiver. Ici, la clientèle est majoritairement européenne. L’expérience permet également aux voyageurs d’outre-mer d’entrer en contact avec une nature qui les fascine et avec des animaux mythiques dont les loups. En retournant, ils pourront dire : « J’ai dormi avec les loups! »
Pays du bleuet
Le pays de Maria-Chapdelaine est indissociable de sa tradition culinaire et des produits du terroir. L’emblématique bleuet, demeure le glorieux porte-étendard de la cuisine, de l’agriculture et même de l’identité régionale. Tout spécialement au nord-est du lac Saint-Jean, vous observerez une succession d’immenses bleuetières et plusieurs d’entre elles accueillent le public pour l’autocueillette. En plus de représenter une économie pour l’acheteur, il s’agit d’une expérience très particulière qui permet de constater l’incroyable abondance des fruits dans ces cultures, la facilité à les cueillir et, disons-le, le plaisir de se régaler tout en ramassant.
Une escapade gourmande
Dans les nombreux points de vente dispersés sur votre route, vous constaterez toutes les formes que peut prendre le bleuet par sa transformation en confiture, gelée, sirop, coulis, chutney, apéritifs alcoolisés, pâte de fruit, jus concentré, vinaigrette, beurre, tisane et thé.
Sans compter les traditionnels tartes et poudings que vous pourrez goûter partout. Vous croiserez-même un économusée à Albanel, au cœur des grandes bleuetières, L’Économusée de la Confiturière : Bleuet Sauvage, qui prépare les produits Délices du Lac-Saint-Jean. On y transforme sur place le fruit, sous les yeux des visiteurs qui en apprennent en même temps sur la culture.
En saison, en août, on se délecte des fameux chocolats aux bleuets de la Chocolaterie des Pères Trappistes, faits de bleuets frais et de chocolat noir. Une sainte jouissance disponible partout et au monastère même, près de Mistassini, avec maints autres petits péchés sucrés.
Partout dans le monde, les moines subviennent à leurs besoins depuis des siècles grâce aux produits agroalimentaires. Les bières Trappistes en Belgique. Le fromage d’Oka est unanimement apprécié. Et lorsque le chocolat aux bleuets arrive dans les marchés du Québec, fin juillet, c’est la fête chez les gourmands.
Autre délice irrésistible… À Normandin, la Fromagerie Normandinoise concocte avec le lait local de délicieux fromages à pâte ferme, semi-ferme et molle aux accents régionaux.
Ça n’a aucun rapport, mais quant à être à Normandin, je pense qu’il faut s’arrêter chez Bilodeau pour découvrir leur univers. Un endroit fascinant, version moderne du monde des coureurs de bois et de la traite des fourrures.
À Dolbeau-Mistassini, la Microbrasserie Le Coureur des Bois se taille une place enviable avec une sélection de bières savoureuses qui se déclinent de la blanche à la noire, servies dans un lieu animé.
Sur la Véloroute
Un segment pittoresque de la Véloroute des Bleuets traverse le pays de Maria-Chapdelaine. Après la traversée du parc national de la Pointe-Taillon, la piste longe la rivière et le village de Péribonka puis pénètre dans la campagne du Haut-du-Lac. Des petites routes tranquilles, comme vers Sainte-Jeanne-d’Arc, avec sa chute et son vieux moulin qu’on découvre avec ravissement. Construit en 1907 par les pionniers de l’époque, le Vieux Moulin est admirablement conservé et constitue une découverte étonnante au détour de la petite rivière Péribonka. Quelque peu en retrait du village, il vaut la peine d’aller voir le pont couvert dont Sainte-Jeanne-d’Arc est très fière.
On traverse ensuite un grand bout de piste très agréable en forêt jusqu’à Dolbeau-Mistassini. La piste cyclable nous fait d’ailleurs voir de très beaux quartiers de la ville, la magnifique chute des Pères et la fameuse nouvelle passerelle. Puis on se dirige vers Albanel et Normandin pour un arrêt au Site touristique Chute-à-l’Ours avant de reprendre la route vers Saint-Félicien.
Parc régional
Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Stanislas, Sainte-Élizabeth-de-Proulx, Saint-Ludger-de-Milot, Saint-Edmond-les-Plaines, Girardville, Saint-Eugène-d’Argentay, Normandin, Albanel et Péribonka… Certaines de ces localités sont considérées comme « dévitalisées » à la suite de la crise du bois d’œuvre qui les a frappées de plein fouet. Elles se battent pour sauver leur église, leur bureau de poste, leur restaurant, leur station-service. Pour garder leurs jeunes et freiner la perte de leur population. Un projet comme le parc régional des Grandes-Rivières du lac Saint-Jean et le sentier La Passerelle du 49e représente pour certaines une bouée de sauvetage.
Au cœur de cette initiative, 6 millions de dollars ont été investis pour jeter les ponts sur les rivières qui traversent un territoire de 40 000 km² et tracer un nouveau sentier de 236 km qui relie ses communautés à motoneige et en quad. Le circuit nommé « La Passerelle du 49e, » a remporté un succès fulgurant dès son ouverture en 2018.